Au
XVIIIe siècle,
la robe de chambre, vêtement d’intérieur confortable et décontracté,
semble être la tenue préférée de nombreux philosophes. C’est le cas de
Denis Diderot, qui adopte une robe de chambre bleue
qu’il revêt durant les longues heures de travail acharné nécessaire à
l’Encyclopédie, de 1747 à 1765.
Seulement
voilà !
En 1767, le peintre Van Loo peint Denis revêtu de sa tenue fétiche
mais ce dernier n’aime pas le portrait ; il ne se trouve pas l’air d’un
philosophe
mais celui “d’une
vieille coquette qui fait encore l’aimable !”
Diderot par Van
Loo
“Que diront mes petits-enfants,
lorsqu’ils viendront à comparer mes tristes ouvrages avec ce riant, mignon, efféminé, vieux coquet-là ? » s’écrie-t-il.
Sur
ces entrefaites, Madame Geoffrin,
la célèbre salonnière qui a aidé au financement de l’Encyclopédie et
participé à la diffusion des idées des Lumières en recevant tous les lundis les
intellectuels de l’époque dans son hôtel de la rue Saint-Honoré...
... fait remplacer un jour, en
l’absence de Denis, tous les vieux meubles du philosophe par du mobilier moderne et surtout, met à la poubelle sa vieille robe de chambre bleue pour
lui substituer une luxueuse robe de chambre en soie écarlate !
Pour
ne pas être impoli, Diderot la
revêt. Mais il ne cessera de se pleurer sa vieille robe de chambre
usée, à qui, rétrospectivement, il trouve toutes les vertus.
Diderot par Fragonard en
1769
Sa nostalgie devient si
forte qu’en 1772, il écrit un petit essai intitulé
Regrets sur ma vieille robe de chambre ou avis à ceux qui ont plus de goût que de fortune
Il en regrette le confort :
Pourquoi
ne l'avoir pas gardée
? Elle était faite à moi ; j'étais fait à elle. Elle moulait tous
les plis de mon corps sans le gêner ; j'étais pittoresque et beau.
L'autre, raide, empesée, me
mannequine…
Il la trouvait si pratique pour effacer la poussière des livres ou essuyer les taches d’encre !
Un
livre
était-il couvert de poussière, un de ses pans s’offrait à l’essuyer.
L’encre épaissie refusait-elle de couler de ma plume, elle présentait
le flanc. On y voyait tracés en longues raies noires les
fréquents services qu’elle m’avait rendus.
Il trouve que dans la nouvelle, trop somptueuse, il n’a plus l’air d’un écrivain :
Ces
longues
raies annonçaient le littérateur, l'écrivain, l'homme qui travaille.
A présent, j'ai l'air d'un riche fainéant ; on ne sait qui je suis.
Enfin, il est convaincu que sa vieille robe de chambre était en harmonie avec son décor :
Enfin, il est convaincu que sa vieille robe de chambre était en harmonie avec son décor :
Ma vieille
robe de chambre était une avec les autres guenilles qui m'environnaient…
Alors que le luxe de la nouvelle et de ses meubles neufs détone avec son caractère :
Tout est
désaccordé. Plus d'ensemble, plus d'unité, plus de beauté.
Source : www.gisele.ecrivain.istanbul.over-blog.com
Source : www.gisele.ecrivain.istanbul.over-blog.com
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