samedi 19 octobre 2019

Les expéditions maritimes au XVIIIe siècle (par Jean Claude Lagneaux)

Les voyages d'exploration scientifique : de Bougainville à Humbolt.

 Monsieur de La Perouse

    
Au XVIIIe siècle sous le règne de Louis XV les dommages de la guerre de Sept Ans et la concurrence Franco-anglaise au Canada et aux Indes mettent en évidence la nécessité d’une flotte puissante et dotée des moyens techniques de navigation. En même temps les moyens de communication appliqués aux découvertes scientifiques valorisent le niveau de civilisation des grandes puissances. Les philosophes encouragent la recherche scientifique et tentent de découvrir l’ensemble du monde abritant l’humanité.

Des scientifiques s’embarquent à bord des navires chargés de découvrir de nouvelles terres à des fins pas toujours désintéressées. Ils auront pour mission 
de rapporter des descriptions de découvertes intéressantes pour la science de leur pays : plantes, animaux à la fois terrestres et marins, populations rencontrées, richesses… La rencontre avec les populations indigènes posentsouvent la question philosophique de notre bienveillance à leur égard.

Les grandes expéditions scientifiques ont débuté dans le sillage de la  colonisation de l'Amérique du Nord, de l’Amérique du sud, de l'Inde et de la Malaisie. Elles sont techniquement facilitées par les progrès de la science et de l’horlogerie qui leur permettent de mieux calculer la longitude (les chronomètres de Christiaaen Huyghens en 1656 et de Harrisson).
Harrisson construit et perfectionne à plusieurs reprises une horloge de marine ou chronomètre qui utilise un système de balancier relié à un ressort spiral entre 1735 et 1759. Pierre Leroy en France y apportera encore un système d’échappement à détente en 1748.

1766-1768   Le britannique Wallis découvre la Polynésie (il est le premier à découvrir Tahiti), Nouvelle Guinée Indonésie Iles Salomon …

1766 à 1769 Bougainville (1729-1811) missionné par Louis XV dans le cadre de la Compagnie des Indes orientales pour prendre possession des « Malouines » (qui seront rendues aux Espagnols puis aux Anglais) avec la Boudeuse partant de France, fait escale à Montevideo,  passe par le détroit de Magellan (évite le Cap Horn), retrouve l’île de Pâques et (en évitant la barrière de corail australienne)Tahiti (d’où l’accompagnera un tahitien Aoutourou.)
Sa relation du « voyage autour du monde » est lue dans les salons et les académies. Ce n’est cependant qu’un 48e tour du monde par la mer.
Excellent mathématicien et astronome, il résout le calcul de la longitude par la méthode astronomique.

1768James Cook (1728-1779)sur l’Endeavour passe par le Cap Horn, redécouvre Tahiti et découvre la Nouvelle Zélande dont il fait une carte détaillée, et la côte est de l’Australie. Il démontrera que le grand continent austral n’existe pas tout en étant le premier à franchir le cercle polaire. Il meurt en explorant la possibilité d’un passage au Nord Ouest de l’Amérique du Nord.

1785Jean-François de Galoup  Comte de la Pérouse (1728-1779) avec les vaisseaux l’Astrolabe et la Boussole a pu se procurer un chronomètre marin utilisé par James Cook. Il est missionné par le roi Louis XVI pour rendre l’île des Malouines (découverte par Duguay-Trouin de Saint-Malo) aux Espagnols installés en Argentine. La Pérouse fera ensuite escale à Montevideo avant de franchir le Cap Horn, faire escale au Chili (ou au cours d’une fête, il lancera une Montgolfière) retrouve et explore l’île de Pâques avec les scientifiques, les îles Hawai, la Californie, l’Alaska, puis les Mariannes, le Japon, la côte russe, les Samoa puis l’Australie près des côtes de laquelle il fait naufrage.

Les Français Marion du Fresne et Crozet décrivent la Nouvelle-Zélande en 1772. Les côtes de celle-ci avaient été cartographiée par Cook.

Sur le plan philosophique, ces rencontres avec des peuplades « primitives » posent la question de la bonté innée, du « bon sauvage », mais aussi de la bienveillance que les envahisseurs occidentaux doivent faire preuve à leur égard. C’est d’ailleurs ce que recommande Louis XVI à La Pérouse, en souhaitant que le succès de cette longue expédition s’accompagne de l’absence de perte en vie humaine.
En médecine, la lutte contre le scorbut et d’autres maladies internes et externes au navire est une préoccupation nouvelle et constante : on embarque des compléments alimentaires et on multiplie les escales. Ces escales permettent également d’expédier des rapports par voie de terre qui permettront d’informer le pays d’origine.
Dans les Académies, les salons, les gazettes et publications, les utopies et croyances sont confrontées aux rapports scientifiques, et nourrissent les inspirations artistiques et la mode en particulier.

Buffon le naturaliste, Diderot et d’Alembert les encyclopédistes, Rousseau, Helvetius, et Voltaire seront bien sûr concernés, mais aussi certains commerçants et industriels.





Vous serez sans doute intéressé par l’histoire de Humbolt,  un explorateur très européen qui a donné son nom à un courant marin et à des pingouins…
(en annexe ci-après)


Un savant prussien, humaniste et passionné, ami de la France : Alexander VON HUMBOLT :
Inspecteur général des Mines en Prusse, suite à sa formation et à son initiative de formation des mineurs, démissionne pour continuer ses recherches et explore le monde. Son but est découvrir les interactions entre les forces de la nature et l'influence géographique sur la vie animale et végétale. (c'est dans l'air du temps pourrait-on dire).
C'est le modèle des explorateurs, un héros pour le début du 19e siècle, car ses expéditions commencent à la fin du 18e siècle. Suite à l'annulation d'un voyage en Amérique du Sud proposé par Bougainville, puis d'une autre expédition avortée en Egypte, il organise par ses propres moyens une expédition en Amazonie.
Parti d'Espagne avec son ami Bonplan, il arrive au Vénézuela pour rechercher la source de l'Orénoque, fleuve « cousin » de l'Amazone. Ils remontent ensuite l'Amazone pour prouver l'existence d'un canal naturel entre les deux fleuves .
Méprisant les dangers de la forêt amazonienne, la fatigue et les moustiques, il
rapporte avec sa découverte une moisson de 20000 spécimens botaniques. Il offrira d'ailleurs son « herbier » au Museum d'Histoire Naturelle de Paris.
Dans les Andes, il gravira le volcan Chimborago, considéré comme le sommet le plus éloigné du Centre de la Terre, pour y prendre des mesures météorologiques.
Il revient ensuite par les Etats-Unis pour saluer le Président Jefferson (que décidément beaucoup de savants vont voir et pas seulement pour son célèbre cabinet des curiosités). Il se liera avec lui d'amitié, dont une correspondance régulière. Il se liera d'amitié avec Chateaubriand qui fera connaître ses écrits et ses aventures dans les milieux littéraires, puis avec Arago.
Il est sollicité comme diplomate et conseiller par le roi de Prusse malgré les amitiés qu'il continue d'entretenir en France.
Il dénoncera le scandale de l'esclavage des noirs dont il a pu être le témoin lors
de son voyage en Amérique latine.